par François Delpla » 26 Novembre 2011, 16:59
L'année terrible entre les deux 22 juin (1940 et 1941) est, dans cette guerre, la plus fâcheusement négligée par les historiens, en ce sens qu'il n'y a pas énormément d'études et en cet autre que ces études ne brillent pas, d'une façon générale, par une débauche de matière grise.
Dans les discussions de forum de cette année anniversaire qui s'achève, on a assisté
-soit à des bétonnages et à des blocages (l'un des bétonneurs en chef sur le présent forum étant Thierry, dit Tie-tie 006 ou 7) de gens qui s'énervent, qui ne veulent pas qu'on cherche, qui exigent qu'on répète ce qui se dit depuis 70 ans (Hitler bordélique, velléitaire, ne comprenant rien à la Méditerranée, se faisant repousser par Franco, oubliant d'attaquer Malte, confiant, pour tout régler, dans son attaque contre l'URSS, etc. etc. et puis zut à la fin pourquoi voudriez-vous que les choses se soient passées autrement, restez-en aux faits !);
-soit à de vraies discussions et de vraies investigations historiques, qui consistent à se demander d'abord et avant tout ce que les contemporains pouvaient avoir en tête; et là c'est une tout autre réalité qui apparaît : celle d'un Hitler au faîte de sa puissance et capable de dicter sa loi très loin, mais placé devant un choix cornélien... ou plutôt (tiens, cela vient de me venir !) racinien : frapper l'empire britannique auquel il ne veut que du bien, ou l'Etat soviétique auquel il ne veut que du mal... mais qui, lui, lui veut du bien.
C'est Andromaque aimée de Pyrrhus qui, lui, est aimé d'Hermione...
La raison voudrait que Hitler frappe l'Angleterre en pressant comme un citron et jusqu'au bout l'amitié de Staline. Par idéologie, il va choisir l'autre solution. Oui mais... La solution raisonnable l'est-elle vraiment ? Churchill résiste sans rien dans les mains ni dans les poches... sauf une logique à long terme : une Allemagne qui frapperait à mort l'empire britannique sur la route des Indes (Suez et Irak sont pour le moins menacés si on renonce à Barbarossa) devrait ensuite compter avec les Etats-Unis, qui ne peuvent rester les bras croisés en la voyant s'étendre vers l'Atlantique et l'Inde; et l'amitié soviétique elle-même ne serait peut-être pas éternelle si Berlin tout-à-coup peinait en ayant eu les yeux plus grands que le ventre vers le sud.