Les véhicules blindés
En 1942, l’ARMIR captura une quantité assez importante de véhicules, à savoir 14 chars et 2 automitrailleuses selon l’article de Vincent Greenwood paru dans le Tankette 34/5 de 1999, intitulé Red Panzers for the Mare Nostrum. Parmi eux, le plus « médiatisé » fut le T-34/76 mod.42 produit par l'usine de tracteurs de Stalingrad (STZ, en russe Сталинградский Тракторный Завод им. Ф. Э. Дзержинского) employé comme véhicule de commandement par le LII gr. du 120° rgt.art. de la 3ª Div.cl. durant l’été 1942. Pour éviter toute erreur d'identification, des croix blanches avaient été sommairement peintes sur les flancs de la tourelle et la trappe d'accès supérieure.
Un T-34/76 mod.40 fut récupéré par les Allemands et envoyé en Italie en 1941. Soumis à de nombreuses évaluations au CSM, il permit de faire progresser le développement du P 26/40 à partir d'avril 1942.
Parmi les véhicules capturés et réemployés par les italiens, on peut citer quelques BT-7, un T-60 (au moins) et un char amphibie T-37. Mais il n’y eut pas uniquement des véhicules blindés d’origine russe, puisqu’une photo atteste de la capture d’un M3 Lee américain en URSS, qui ne fut cependant pas, a priori, réutilisé.
![]() |
![]() |
![]() |
Le général Giovanni Messe examinant un BT-7 mod.38 au printemps 1942. (crédits photo : Archivio Centrale dello Stato) |
Sodats italiens examinant un BT-7 mod.38 immobilisé. | Officiers italiens posant devant un BT-7 mod.38. |
![]() |
![]() |
![]() |
T-60 abandonnés dans une gare à l'été 1942. (crédits photo : Archivio Centrale dello Stato) |
Colonne de SPA 38 R passant à proximité d'un T-60 mod.41 abandonné. (crédits photo : Archivio Centrale dello Stato) |
Soldats italiens posant sur un T-60 immobilisé. (crédits photo : Rassegna Militare) |
![]() |
![]() |
![]() |
Soldats italiens posant pour la photo souvenir avec un char amphibie T-37 à l'été 1941. (crédits photo : Archivio Centrale dello Stato) |
Soldats italiens examinant un M3 Lee sur le front de l'Est à l'été 1942. (crédits photos : Archivio Centrale dello Stato) |
Quant aux blindés hors service abandonnés par l'Armée Rouge, ils servirent parfois de cibles pour tester le pouvoir de pénétration des obus à charge creuse EP et EPS.
Les véhicules logistiques
La documentation iconographique consultée montre que l'armée italienne fit usage d'une grande diversité de camions et tracteurs de production soviétique capturés. Cependant, l'absence de marquage appliqué par les nouveaux propriétaires, voire la subsistance des marquages cyrilliques d'origine, laisse supposer que ces véhicules ne furent pas incorporés aux effectifs des unités transalpines mais plutôt utilisés très ponctuellement sur le lieu de stationnement des troupes.
Les pièces d’artillerie
Si le nombre de véhicules capturés restait insuffisant pour équiper entièrement une unité, il n'en allait pas de même avec les pièces d’artillerie. En effet, certaines d’entre elles furent réutilisées par l’ARMIR au nombre de 40 ou plus du même type. Malheureusement, je n’ai pas trouvé d’information sur les unités qui en furent dotées, il m’est donc impossible de savoir si ces canons ont été utilisés en groupe homogène ou s’ils ont été dispersés au sein de multiples batteries.
Modèle | Nombre |
---|---|
Canon antichar de 37 mm obr.30 | - |
Canon antichar de 45 mm obr.37 | - |
Canon de position de 75/30 M243 | 1 |
Canon de 76 mm obr.27[1] | 42 |
Canon antiaérien 76/32 M 290 | 1 |
Canon de 76 mm obr.42 ZIS-3[2] | 3-4 |
Canon de position de 87/33 mod. M 281 | 1 |
Canon de position de 97/38 mod. M 40 | 1 |
Canon de position de 105/40 mod. M 422 | 1 |
Canon de 122 mm obr.31/37 A-19[3] | 52 |
Canon de 152 mm obr.37 ML-20[4] | 52 |
Canon de position de 155/36 M 418 | - |
Canon de position de 155/40 M 422 | - |
Un lance-roquettes Katioucha BM-13-16 sur châssis Austin K-6 fut testé par le 14° reparto sperimentale artiglieria du cap. Sartori. Il décida de l’employer pour répondre aux tirs des engins russes, et c’est ainsi que ce Katioucha couvrit la retraite italienne à Starobelsk et Koupiansk du 20 décembre 1942 au 18 janvier 1943. Étant donné que le moteur de l’Austin K-6 était irrémédiablement endommagé, un tracteur TL 37 fut utilisé pour lui rendre sa mobilité.
Train blindé
Un train blindé fut capturé en 1942 mais non réutilisé par les Italiens. Il fut sans doute cédé au génie ferroviaire allemand. Il était composé entre autres de deux wagons d’artillerie dotés de deux tourelles armées chacune d’un canon de 76,2 mm L/30 mod.02 couplé avec une mitrailleuse DT calibre 7,62mm, en plus des 4 mitrailleuses Mod.09 calibre 7,62 de type Maxim réparties sur les flancs de chaque wagon.
![]() |
![]() |
![]() |
Train blindé capturé à l'été 1942 mais non réutilisé par l'ARMIR. (crédits photo : Archivio Centrale dello Stato) |
L’armement individuel
Selon plusieurs sources, les soldats italiens appréciaient l’usage des armes légères soviétiques. Les pistolets mitrailleurs PPSh-41 (Пистолет-пулемёт Шпагина), fusils semi-automatiques Tokarev SVT-38 et SVT-40 (Самозарядная винтовка Токарева) et les fusils mitrailleurs DP-28 (Дегтярёва пехотный) furent réemployés autant que possible par les unités de l’ARMIR. Les fusils antichars PTRS-41 semi-automatique et PTRD-41 (Противотанковое однозарядное ружьё обр. 1941 г. системы Дегтярёва) à chargement manuel de 14,5 mm, capables de percer jusqu'à 40 mm de blindage, furent également employés par les troupes italiennes.
Notes :
[1] Ces pièces, rebaptisées obici da 76/15 mod.27, furent cédées par les Allemands et utilisées sur les côtes grecques et sur les îles de la mer Egée.
[2] Ces canons ont été capturés par les Allemands et donnés aux italiens pour accroître la capacité anti-chars des unités de l’ARMIR. Ils furent probablement utilisés dans le secteur du Don.
[3] Ces pièces, rebaptisées cannoni da 122/45 mod.31/37, ont été cédées par les Allemands et utilisées comme batteries de défense côtière en Sicile (32 pièces) et en Grèce (20 pièces).
[4] Ces pièces, rebaptisées cannoni da 152/28 mod.37, ont été cédées par les Allemands à l'armée italienne en 1943 et ont servi en mer Égée (20 canons), en Sicile (16 canons) et en Corse (16 canons) pour la défense côtière.
Sources :
- Gli autoveicoli da combattimento dell'Esercito Italiano, Volume secondo (1940-1945), Nicola Pignato & Filippo Cappellano, Stato Maggiore dell'Esercito, Ufficio Storico, 2002
- La guerra degli italiani 1940-1945, Piero Melograni, DeAgostini, 2004
- Le artiglierie del Regio Esercito nella Seconda Guerra Mondiale, Filippo Cappellano, Storia Militare, 1998
- L'Esercito italiano nel 1943, Filippo Cappellano, Storia Militare Dossier n°6, 2013
- Le armi della fanteria italiana (1919-1945), Nicola Pignato & Filippo Cappellano, Storia Militare, 2008
- Carri sovietici e controcarri italiani, Nicola Pignato, Storia Militare n°82, 2000
- Insegne, uniformi, distintivi e tradizioni delle truppe corazzate italiane, Nicola Pignato & Filippo Cappellano, T & T Editore, 2005
- Andare contro i carri armati, Filippo Cappellano et Nicola Pignato, Gaspari editore, 2007
- Due anni al volante su piste di neve e fango, Cronaca e immagini della campagna di Russia nel diario dell'autiere scledense Lino Sassaro (188° Autoreparto pesante), Luca Valente, Edizioni Menin, 2008
- 4° reggimento artiglieria contraerei 1926-2003, Armando Rati, Editoriale Sometti, 2004
- Все танки СССР, М. Барятинский, Эксмо, 2015
{jfusion_discuss 3330}